Boucler la boucle

Voici un article que j'ai écrit et publié sur un blog privé - et oui, je ne partage pas tous mes écrits ici, loin de là malheureusement ... C'était le 4 juillet, jour hautement symbolique historiquement, personnellement...
Je vous le fais partager.

"Encore moi ... encore moi.

C'est juste que je ne pouvais pas ne pas laisser de mots un an après, un an après avoir franchi la porte d'entrée dans le monde adulte, en tant qu'enseignante.

Et puis aujourd'hui était un jour particulier: je rendais les clefs de l'école, geste symbolique qui me rappelle que je n'en suis plus résidente. Je ne serai plus que passante. Peu de chances que j'y retourne sauf pour revoir les collègues souriantes qui m'ont entourée cette année. Mes petits étaient présents, bien présents même : il n'en manquait que deux. Ils ne réalisent pas bien. Mais moi, je réalise et je me dis que je les ai peut-être aidés à aimer aller à l'école. Je réalise qu'ils sont encore de grands bébés :ils sont de ceux qui vous disent que vous êtes belle "comme un amour". Ils vous glissent des "je t'aime" innocents qu'on reçoit finalement gênés car on est adulte et que les mots ont une force différente.  Ils sont des joyaux bruts ... qu'on va polir, à tort ou à raison. Peu importe, il le faut.

Les classes se sont vidées, ont déménagé. J'ai partagé mes derniers moments avec l'équipe. Quoi qu'il arrive, c'était ma première école, alors je n'oublierai pas, parce qu'on n'oublie jamais les premières fois. De toute façon, j'oublie rarement ce qui me marque. J'ai été discrète, neutre. J'ai essayé de ne pas être un poids pour la directrice que je remplaçais ... Débutante j'étais (et je reste) mais je me devais de décharger. Alors j'ai déchargé.

J'ai beaucoup appris et même si j'espère avoir une classe d'élémentaire l'an prochain, mes élèves de petite section resteront mes premiers élèves.

Les premiers cadeaux, les premiers dessins ... J'ai tout rangé, et suis repartie chargée, comme à l'ordinaire. Chargée de souvenirs, d'images dont je ne me souviendrai pas toujours mais qui ont leur importance. Tout vole en éclats. Je suis repartie et l'ordinaire banalité des retards ferroviaires m'a rattrappée. 

Voilà 5 ans jour pour jour que j'ai eu le bac : moment d'intensité quoi qu'on en dise.

Voilà un an que je passais de l'autre côté du miroir.

Aujourd'hui j'ai rendu les clefs, mais j'ai enfilé mon tablier.

Enfin, maintenant profitons-en ... les vacances sont là. "Dancing in the moonlight" ...

J'entends des cris d'enfants alors que c'est le crépuscule. Ils sont la preuve d'un nouveau rythme. Pour eux, c'est la liberté ..."